Sommes-nous vraiment en capacité de recouper tous les éléments ? tous les signes ? des informations éparses, disparates remontent tous les jours. En lien, de manière évidente ou pas, avec le réchauffement climatique : phénomènes météorologiques amplifiés par la hausse des températures, sécheresses précoces, douceur hivernale ou froid extrême, déficit pluviométrique ou au contraire abondance meurtrière, disparitions d’espèces endémiques, prolifération d’espèces exogènes, … la liste est longue... Et si, tout simplement, cet inventaire à la Prévert annonçait le commencement de notre déclin, de notre extinction ? et si sans que nous nous en soyons aperçu, occupés que nous sommes à investir les terrasses de café pour profiter de la douceur exceptionnelle en ce début de printemps (le thermomètre affichant des températures estivales !), le point de non-retour avait été atteint ? et si à l’insu de notre plein gré la bascule avait eu lieu ? et si, dorénavant, notre terre hospitalière (au moins sous nos latitudes) se transformait inexorablement, sans que le processus puisse être inversé, en une terre inhospitalière ? en aurions-nous seulement conscience, ne pécherions nous pas par orgueil (notre intelligence supérieure nous protégeant de ce type de déconvenue) en niant l’évidence ?
Pour ma part, je me demande sincèrement s’il n’est pas déjà trop tard. Nous sommes ce fumeur invétéré, fier de ses deux paquets consommés quotidiennement, minimisant le risque d’un cancer du poumon, ou alors cet alcoolique, tétant ses deux litres quotidiens, fermant les yeux sur la survenue annoncée d’une cirrhose… Nous sommes définitivement gangrenés par notre civilisation, aveuglés par notre science et notre vision du progrès, sans perspective, sans conscience, perclus d’illusions. Ignorant que nous sommes, nous n’avons jamais voulu amputer le membre malade pour aller de nouveau vers l’avant ! alors il faut, il faudra, coûte que coûte, en payer le prix ! Individuellement nous avons un trop plein de compréhension, mais collectivement nous sommes incapables de prendre les décisions qui s’imposent face à l’urgence climatique. Alors il faut envisager que notre bonne vieille Terre se rappelle à notre bon souvenir et remette les pendules à sa bonne heure, histoire de retrouver un nouvel équilibre. Une nouvelle page pourrait s’ouvrir et la probabilité pour que nous n’en fassions pas partie sera ,sinon importante, au moins logique dans la mesure où nous avons collectivement failli.
